Activités / Conférence midi

Pour une justice du care : le travail invisible comme responsabilité morale et politique

11/28/2019 à 12:00 pm - durée 1H30

La philosophe Joan C. Tronto a développé une éthique critique du care qui lui permet de questionner notre rapport à la dépendance, nos pratiques en matière de soins, la place et le rôle des femmes dans nos sociétés libérales contemporaines, mais également notre rapport à la démocratie et à la justice. Tronto propose en effet de concevoir la morale comme un processus par lequel les individus en viennent à se soucier des autres et à prendre en charge leurs besoins. Avec cette éthique, Tronto souhaite opérer un élargissement des exigences de la justice en faisant du travail de care une responsabilité collective, amenant ainsi à repenser la division du travail dans les sociétés libérales contemporaines pour que l’ensemble des individus prennent part aux relations de soin. Dès lors, la question de la justice quant à la division du travail au sein de la sphère domestique devient éminemment politique et ses exigences demandent à être repensées.

La conférence aura pour objectif d’élaborer une conception de la justice à partir de l’éthique critique du care de Joan C. Tronto afin de revoir les responsabilités de chacun-e dans la sphère domestique quant à la division du travail invisible. Pour ce faire, nous proposons de nous appuyer sur le modèle social de la responsabilité développé par Iris Marion Young. Bien que ce modèle fût d’abord élaboré pour répondre à des injustices structurelles au niveau international, nous croyons que les paramètres utilisés par Young pour penser la responsabilité peuvent également s’appliquer à la sphère domestique tout en respectant le caractère relationnel, contextualiste et délibératif propre à l’éthique critique du care. Ainsi, nous montrons que la division actuelle du travail invisible correspond à une injustice structurelle et donne lieu aux quatre techniques d’évitement de la responsabilité identifiées par Young. Nous concluons en présentant les deux principaux avantages d’une telle « justice du care », soit sa capacité à s’appliquer aux différentes formes que peuvent prendre les familles ainsi que sa capacité à préserver la liberté de choix de chacun-e en raison de son caractère délibératif situé.

Cécile Gagnon

Cécile Gagnon

Université Laval